L'Histoire de Chevigny-St-Sauveur - La monographie...
Information importante : Ce document est la reprise en plusieurs articles de la monographie publiée en 1972 par la section Plein-Air et Culture de l’ASC. Les écrits de l’abbé Marilier, alors Conservateur des Monuments Historiques qui sont ici repris sont parfois devenus obsolètes en raison de l’avancée des recherches effectuées depuis.
PRÉSENTATION
Les textes historiques du chanoine Jean Marilier, ici publiés s’ajoutent à ceux écrits par les historiens aux cours des siècles passé (Courtepée, Chaume, Denizot, Pincedé…) ils sont la base de toute recherche sur une commune et ici c’est Chevigny-St-Sauveur.
En 1972, la section Plein-Air et Culture de l’ASC publiait « la monographie », un document unique à ce jour, qui traite des origines de la commune et l’évolution des principaux monuments du passé (Eglise, château), texte écrit par Jean Marilier, alors conservateur des monuments historiques de la Côte d’or. A celui-ci s’ajoute une intéressante description de la commune vers 1947 par Jean Froussart, maire lors de l’édition.
Ce petit fascicule est toujours en vente à l’église paroissiale de la Ste Trinité, lors des ouvertures des dimanches après-midi.
Bien sûr 50 ans après tout à changé… Bien sûr depuis ces écrits, par exemple, les richesses de l’église ont été mises en valeur et après de longues recherches ce blog décrit les Seigneurs qui se sont succédés…
Découvrons donc, au fil des mois,ces très riches documents…
- 1ère partie : a- Présentation
b- Origines
c- Nom du village
- 2ème partie a- Domaine de Cavinnius
b- Féodalité et régime Seigneurial
c- Les Seigneurs
- 3ème partie a- La condition des habitants et des terres
b- L’Eglise
c- Le château
- 4éme partie Il y a 25 ans … 1947
La Monographie
NOTE D'HISTOIRE SUR CHEVIGNY-SAINT-SAUVEUR
Les quelques notes ci-dessous ne constituent pas une histoire de la Commune. Les archives très dispersées, demanderaient une longue enquête pour être toutes rassemblées, mais il ne fait pas de doute qu'habilement mises en œuvre, elles donneraient l'histoire d'une communauté rurale de Bourgogne, prés de la capitale. Jusqu'ici, elle vivait aux côtés, mais en marge de celle-ci ; nous arrivons à l'époque où s'opère une symbiose.
Nous vivons actuellement un moment important de l'histoire du village ; celui où la proximité de la grande ville et la volonté de ses administrateurs, le fait naître a la vie industrielle et où la bourgade qui s'étiolait reprend vie à l'avantage de tous.
Notre dessein ici, en réponse à l’appel des jeunes de Chevigny, n’est que de replacer quelques jalons de l'histoire du lieu en signalant les monuments qui demeurent. D'autres, sans doute, feront davantage et mieux. Le terrain où ils s'aventureront, sera-t-il du moins un peu défriché, car, à dire vrai, jusqu'ici on ne disposait que de trois notices du XVIII° ou du XIX° siècle, qui avaient l'avantage de fixer quelques points, en ne faisant d'ailleurs que répéter, pour l'essentiel, ce qu'avait écrit en 1772, Claude Courtépée, l'historien de la description du Duché de Bourgogne.
LES ORIGINES DE CHEVIGNY- SAINT- SAUVEUR
On ne saurait séparer l'histoire de Chevigny centre de la paroisse d'abord, de la commune ensuite, de celle de Corcelles qui en dépend aujourd'hui, comme jadis. L'étude des lieux permet d'assurer qu'il en fut toujours ainsi, même si parfois au Moyen Age des propriétaires de certaines portions aient été différents.
Le territoire n'a jamais connu d'importantes variations. Quelques contestations se sont élevées, au cours des âges, sur ses limites du côté de Mirande, ou de celui de Magny-sur-Tille (l'Abbayotte). Les procès qui ont suivi ont toujours trouvé une fin qui satisfaisait les deux parties. ll ne s'agissait guère que d'épisodes sans grand intérêt.
Les origines de Chevigny sont identiques à celles de beaucoup de nos villages : la première implantation connue n'est autre que celle d'un domaine rural de l'époque gallo-romaine.
Placé à l'extrémité orientale de l'indentation d'un plateau à la limite d'une dépression qui a dû, du IV° au XVIII° siècle se convertir en marécages boisés, difficilement franchissables, véritable limite territoriale. Le domaine utile s'étendait à l'Ouest là, où les terres étaient à l'abri des inondations. Des ruisseaux issus des coteaux de Mirande y entretenaient des zones pacagères.
L'étude du terrain, seule, fournirait quelques jalons pour cette histoire lointaine, car les trouvailles archéologiques sont rarissimes. Nous n'avons trouvé mention que de monnaies du Bas-Empire romain, quand, en 1768, on nettoya les fossés du château, une clé médiévale (?) maintenant au Musée archéologique de Dijon et la mention d'un poste de Garde que l'on aurait soupçonné sur le tracé d'une voie ancienne près de Corcelles.
Cependant deux témoignages subsistent de l'antiquité de Chevigny : son nom et son site.
Carte 1/80 000 Cassini - 1840 (extrait)
LE NOM DU VILLAGE
Sur l'origine de ce nom, les spécialistes divergent d'opinion. Ce n'est peut-être pas absolument péremptoire, car ces divergences proviennent davantage de scrupules d'érudits que d'une opposition fondamentale.
Sept communes portent en France le nom de Chevigny (ou de Chevigney, qui est une variante dialectale) elles sont en Côte-d'Or, Doubs, Jura, Haute-Saône et Marne ; quatre celui de Chevagny et Chevaigné. Mais pour le seul département de la Côte-d'Or, dix agglomérations ou fermes et deux lieux-dits signalés s'appellent ainsi auxquels il faut ajouter un « Chevignerot ». Mais si l'on se reporte à la dénomination latine ancienne, il convient de compléter cette liste par les noms de Chevannay et de Chavonier.
Les divergences invoquées viennent des formes latines du nom, telles qu'elles sont connues par les textes des VIII° - XI° siècles. Cavaniacus est plutôt utilisé pour Chevigny-Saint-Sauveur et Chevigny-lès-Millery, Cavenniacus pour les autres. Mais nous avons constaté, au contraire des toponymistes Berthoud et Matruchot, au début de ce siècle, qu'un vocable n'excluait pas l'autre : on employait l'un et l'autre.
Cavaniacus aurait pour origine un nom de personne dont on ne connaît pas d'attestation ancienne : Cavanius. Chevigny serait ainsi « le domaine de Cavanius ». Par contre, on connaît le nom de Cavannus ; il est porté, entre autres, par un potier Gallo-romain, qui travaillait au II° ou III° siècle dans les environs de Liège (Belgique). Ce nom est dérivé du gaulois Kavannos.
D'un autre côté, la dérivation phytologique rigoureuse de Cavenniacus fait venir ce nom de Cavinnius, nom de personne qui se rencontre dans deux inscriptions romaines. Enfin, certains ont rappelé que Cavannus était aussi le nom d'un oiseau, cette espèce de chouette que les naturalistes appellent « Chevanne ». Mais il n'y a vraiment aucune chance que Chevigny ait été le « domaine de la chouette ».
En somme, il existe une quasi-certitude que Chevigny signifie « domaine (rural) de Cavannius (ou de Cavinnius) ».
L'addition du terme «Saint-Sauveur» ne remonte pas au-delà du XVIII° siècle : la plus ancienne forme signalée date de 1282. Ce terme était destiné, comme aujourd'hui, à distinguer les autres Chevigny et celui qui nous occupe : c'est à la même époque que le nom de Fénay est accolé à celui d'un autre Chevigny, dans le Dijonnais. Ici l'appellation vient du vocable de l'église du lieu dédiée au Saint-Sauveur, nom typiquement bourguignon, sous lequel on fêtait la Sainte Trinité.
Chevigny-St-Sauveur au XVII° siècle (Archives 21)