L'Histoire de Chevigny-St-Sauveur - La monographie... -2 -

Publié le par Bernard

Information importante : Ce document est la reprise en plusieurs articles de la monographie publiée en 1972 par la section Plein-Air et Culture de l’ASC. Les écrits de l’abbé Marilier, alors Conservateur des Monuments Historiques qui sont ici repris sont parfois devenus obsolètes en raison de l’avancée des recherches effectuées depuis.

LE DOMAINE DE CAVINNIUS

Le second témoignage de l'antiquité de Chevigny est la parfaite délimitation l'emplacement du centre d'exploitation : la Villa, comme on l'appelait.

Sur le terrain, il s'agit de l'îlot d'habitation entouré de rues, et qui comprend l'église et la mairie. Sur cet emplacement se trouvaient les bâtiments de ferme de Cavinnius et de ses successeurs, la demeure du maître du domaine et celles des gens qu'il occupait, la cour commune, et plus tard, peut-être à l'emplacement d'un sanctuaire dédié aux Dieux antiques protecteurs du lieu, ou de n'importe quoi, l'oratoire chrétien de cette «villa». L'emplacement actuel de l'église est absolument caractéristique. Dans la plupart des domaines antiques repérés dans notre région, l'église, qui a succédé à la même place à l'oratoire primitif, se situe sur le flanc sud de l'emplacement de la «villa», le sanctuaire tourné vers l'Est. L'ensemble était cerné par une enceinte qui garantissait la sécurité des habitants.

Les Romains et les Mérovingiens n'ensevelissaient leurs morts qu'à l'intérieur des villages. Rien n'a permis de déterminer où se trouvait le cimetière antique du village. Mais ici, comme ailleurs, dès le début du Moyen Age, on prit l'habitude d'inhumer les défunts autour de l'église, et comme les prescriptions des conciles interdisaient de mettre deux calvaires l'un sur l'autre, le champ du repos s'étendit bientôt à une grande partie du village primitif. Peut-être en fut-il de même pour Chevigny.

Au-delà d'une légère dépression alluvionnaire qui remonte de la Norges en direction du Bassin, une autre exploitation agricole s'était installée à l'extrême fin de la période gallo-romaine, ou sous le règne des Mérovingiens : Corcelles — la petite cour. Si, à l'origine, la «cour» a été un enclos, on applique bientôt ce terme aux domaines d'importance secondaire. Il dépendait sans nul doute de la «villa» de Chevigny, domaine d'un cadet de famille ou simple annexe.

Pour distinguer cette agglomération des autres du même nom, fort nombreuses, elle porte celui de Montvaux (et non Mont-Veau, qui n'apparaît qu'au XVIII° siècle sur la carte de Cassini et qui a été officialisé au cadastre du XIX° siècle). Les termes anciens sont d'abord Mauvaux, Maulvaux, Malvaux jusqu'à la fin du XVI° siècle ; cela devient Montvaux en 1610. Il s'agit, en toute vraisemblance de «vallée mauvaise». Qui est-ce qui est mauvais en l'occurrence ? La terre, ou le marécage propre que traversait une voie ancienne, et qui se révélait difficile à passer : nous ne le savons pas.

En tout cas, ce petit domaine placé, lui aussi, sur un léger promontoire du plateau tertiaire, relié directement à Chevigny, s'appuyait au Sud sur cette voie ancienne qui reliait Dijon à Cessey-sur-Tille. Un autre chemin doublait le premier en passant par le Nord de Corcelles et l'Abbayotte (originellement Moleix) et aboutissait à Magny.

Quant à Chevigny, il était relié directement à Dijon par Mirande, mais aussi à la voie Dijon-Cessey par un chemin allant de Chevigny au Bassin. Le chemin de Quetigny évitait par le Nord, les marais de la Mirande. Mais nul tracé ne permettait d'aller directement à Bressey. La seule façon de passer le marais des Tilles était de remonter à la hauteur de Limprey et rejoindre là, une voie qui le traversait en direction de Remilly, voie dont l'emplacement forme actuellement la limite nord des communes de Chevigny et de Bressey.

L'îlot Mairie-Eglise.

Le Hameau de Corcelles.

 

FÉODALITÉ ET RÉGIME SEIGNEURIAL

Les noms de Chevigny et de Corcelles apparaissent pour la première fois dans les textes en 878, il y a près de onze siècles.

Cette année-là, l'évêque de Langres, Isaac, administrateur de l'abbaye de Saint-Bénigne de Dijon et un noble Dijonnais nommé Eppelin, échangèrent des terres. Une partie de Chevigny et de Corcelles passa ainsi des mains d'Eppelin dans le domaine de Saint-Bénigne. Il ne s'agit vraisemblablement que de quelques champs, car jamais cette abbaye n'y eut beaucoup de biens. De plus, nous rencontrons aux XI° et XII° siècles, les deux villages dans la seigneurie des sires de Fauverney. L'un des membres de cette famille devenu Prévôt de Saint-Etienne de Dijon donna à ce chapitre de chanoines qu'il gouvernait, l'un de ses champs à Chevigny, en 1020: ce fut le début d'une propriété ecclésiastique juxtaposée à la seigneurie laïque et qui durera plusieurs siècles.

Vers 1170, l'église de Chevigny et les terres qui en dépendaient, jusqu'alors aux mains de Garnier, archidiacre de Langres (issu probablement des Fauverney), est donnée aussi à Saint-Etienne de Dijon ; dix ans après, ce sera le tour des dîmes de devenir du droit de cette abbaye. Au début du XVIII° siècle, les cisterciens d'Auberive acquirent aussi quelques terres sur Chevigny.

Place de l'église vers 1905

 

LES SEIGNEURS DE CHEVIGNY

Jusqu'à la fin de l’ancien Régime, le personnage principal du lieu était le seigneur, propriétaire direct ou indirect, maître de la justice, qu'il s'agisse de pendre un malfaiteur ou d'imposer une amende aux possesseurs d'une bête qui s'était échappée et avait endommagé des récoltes. C'est lui qui jouit de droits qui sont en fait des impôts directs en argent ou le plus souvent en nature. C'est aussi, souvent, le bienfaiteur du village, de la communauté en général, ou de telle famille en particulier.

Après les Pontailler-Lamarche, Chevigny passa au XIV° siècle, à une branche de la famille de Frôlois, les Frôlois-Molinot. Mais, en 1360 ou 1362, un haut fonctionnaire des finances ducales, Jehan Bourgeoise acheta les terres, le château et la justice du lieu. Son fils, Poinsard Bourgeoise cependant ne les conserva qu'une dizaine d'années, car, par un processus assez courant alors, un héritier des Frôlois, les revendiqua et les obtint. On appelait cela le retrait lignager. Et cet héritier était un puissant personnage, Amiral de France depuis 1373 ; il s'agit de Jean 1er de Vienne, sire de Roulans. La tradition, recueillie au XVIII° siècle rapporte que l'un de ses fils fut tenu sur les fonts baptismaux de Chevigny par le duc Philippe le Hardi, le 25 novembre 1376.

Les Vienne cèderont leur domaine de Chevigny aux Chandio vers 1460 ; puis, il passera à la famille — très peu connue — des Maillots, dont l'unique héritière, Barbe, épousera vers 1540, Sébastien de Villers-la-Faye. Cette illustre famille bourguignonne conservera Chevigny jusqu'en 1660. Il en reste plusieurs souvenirs. Enfin, l'héritière des Villers-la-Faye, épousant un gentilhomme bressan, Claude de Dortan, baron de Bona, lui apporta château et terres. Mais si Dortan était, paraît-il, un homme d'esprit, il était chargé de dettes. Aussi ses propriétés de Chevigny et de Corcelles furent-elles saisies et vendues par décret en 1684.

L'acquéreur fut un conseiller au Parlement de Bourgogne, Pierre Rigoley, qui possédait déjà Corgoloin, La Chaume et Visargent. Il prit le nom de sa nouvelle terre et il est connu, comme ses descendants, sous le nom de Rigoley de Chevigny. Sa petite-fille, héritière principale, se prénommait Odette. Elle épousa un Président au Parlement, Jacques-Vincent Languet de Rochefort, qui mourut jeune encore, en 1768.

Sa veuve, demeurée seule après le décès en bas âge de tous ses enfants, restera dame de Chevigny jusqu'à la Révolution. Elle mourut à Dijon le 30 septembre 1792. Claude Courtépée écrivit d'elle que «sa mémoire sera toujours chère à ses compatriotes et à ses vassaux ; elle est dame en toute justice de Chevigny et y répand ses bienfaits».

Le souvenir de la venue du Duc de Bourgogne

Les fonts baptismaux 

Publié dans Les vestiges du passé

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