De nouveaux Vitraux à l’église de La Visitation
2ème phase les 20 vitraux de la nef convergeant vers le chœur :
Dès 2018, la commission spécialisée avait étudié un projet d’ensemble avec des vitraux composés principalement de feuillages et de plans de localités menant au chœur. Le tout étant plutôt lège. L’EAP (Equipe d’Animation Paroissiale) à souhaité y inclure le thème des abus sexuels vécus dans notre paroisse et la protection de notre planète comme le précise l’encyclique papale « Laudato-ci »
Un message en ce sens a donc été envoyé à l’artiste et conceptrice Emmanuelle Grand.
Pour faciliter la lecture de ces œuvres, un fascicule est disponible dans le Narthex (Espace d’accueil à l’entrée de l’église) Egalement ce livret peut être acquis pour 2€.
Comme dans le chœur, la présence du souffle de l’Esprit est symbolisée par un motif végétal virevoltant dans l’espace. Il se mêle à un motif de plans de villes évoquant notre humanité ; branchages, routes, artères, veines, s’entrecroisent, s’opposent ou se marient, au rythme de la manifestation de la vie.
Douze de ces vitraux veulent être des moments de respiration, laissant à chacun la possibilité de recevoir un message, tout simplement en se laissant toucher par une couleur, un dessin, une lumière...
Au milieu de cet ensemble, huit panneaux évoquent l'humanité tiraillée entre des choix de vie ou de mort.
DES OMBRES…
Ces vitraux sont traversés par un motif de barbelés, noir et anguleux, exprimant la gravité de ces atteintes à la vie.
Sur la gauche (Côté nord)
La trahison de l’innocence par le comportement des hommes : des pieds sont pris dans les barbelés de la perversion, de la manipulation et du mensonge, de toutes formes de violence.
De quel droit écrasez-vous mon peuple et osez-vous broyer le visage des pauvres ? Isaïe 3,15
Le saccage de la nature, de ses ressources, le non respect de ses besoins, la destruction des espèces. Le barbelé enserre les fruits, les semences.
Notre sœur la terre crie en raison des dégâts que nous lui causons par l’utilisation irresponsable et par l’abus des biens que Dieu a déposés en elle. Pape François « Laudato Si » §2
Sur la droite (Côté sud)
L’accaparement des richesses par un petit nombre et l’injustice qui en découle, la cupidité, les excès de l’abondance et la surconsommation. D’où la présence d’une main transformée en grue qui saisit la planète et la transforme en un bien marchand symbolisé par un code-barres.
Nul ne peut servir deux maîtres. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent. Matthieu 6,24
Le refus de la différence, le rejet de l’autre différent par ses opinions, sa classe sociale, sa couleur de peau, son handicap… Il est symbolisé par un cœur riche des différences qui le composent, mais qui éclate en mille fragments sanglants.
Aussi es-tu sans excuse, qui que tu sois, toi qui juges. Car en jugeant autrui, tu juges contre toi-même. Epître aux Romains 2,1
…ET LUMIERES.
Quatre panneaux évoquent les dons du Créateur. Ils sont traversés par un motif d’entrelacs en arabesque, souple, blanc et léger. Des oiseaux parcourent ces arabesques, signes de la présence de l’Esprit Saint.
Sur la gauche (côté nord)
Le don du cœur, le lien aux autres, la fraternité, la solidarité. Entrelacs de mains symbolisant le lien et la relation. Cette composition, où les tons chauds dominent, exprime la chaleur de ce lien d’amour par trois cœurs, aux trois couleurs primaires, qui sont la base pour fabriquer toutes les autres couleurs. Est ainsi marquée la place centrale du don du cœur. Cela peut évoquer la charité
Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Jean 13,34
Le don du monde, le lien à la nature. Une terre apaisée où les espèces végétales et animales peuvent s’épanouir librement, où l’homme n’est pas l’ennemi mais un vivant parmi d’autres. Ce vitrail, parabole de l’univers, nous invite à croire en la beauté et en la bonté de la vie et à faire les pas urgents d’une conversion écologique personnelle et collective, pour prendre soin de la terre et de tous ceux qui la peuplent, en particulier des plus fragiles.
Ainsi conversion et louange sont les deux faces d’un même élan vers le Créateur.
Joie au ciel, exulte la terre ! Que gronde la mer et sa plénitude ! Que jubile la campagne et tout son fruit, que tous les arbres des forêts dansent de joie, à la face du Seigneur car il vient. Psaume 95,11‐13
Sur la droite (côté sud)
Le don du silence, le lien à Dieu, sa présence au plus profond de tout être humain. Cette composition est dominée par les tons bleus, évoquant l’eau, le ciel et le silence des profondeurs. Les deux mains en réceptivité traduisent l’intériorité, l’écoute et la contemplation, la prière.
Cela peut évoquer la foi.
Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de toi. Psaume 62,2
Le don de la conscience, le regard qui voit, discerne, comprend. Le regard du veilleur. Le regard qui cherche en toute situation un chemin possible, qui cherche en tout homme un frère.
Cela peut évoquer l’espérance.
Et moi, sans relâche espérant, j’ajouterai à ta louange. Psaume 70,14
Le 21 janvier 2024, Monseigneur Herouard, Archevêque de Dijon à inauguré les vitraux.
Ces vitraux sont l’œuvre de l’artiste Emmanuelle Grand. Son site internet indique son parcours que voici :
« Emmanuelle Grand est entrée en peinture dès son enfance, baignée par la lumière dorée d'Aix-en-Provence, nourrie par les Sainte Victoire de Cézanne, émerveillée par l'éclat des vitraux de Chagall, Villon, Buissière qui peuplent la cathédrale de Metz où elle rendait visite à sa grand-mère.
Jeune adulte, elle vit à Paris. Elle ne compte pas les heures passées à exercer son dessin à l'académie de la Grande Chaumière et à jouer de ses pinceaux dans les rues, les parcs, les musées et les ateliers des Beaux Arts de la ville de Paris. Parallèlement, fascinée par les images en mouvement elle étudie le cinéma à l'université Paris VIII.
Emmanuelle Grand dans son atelier
Très vite, elle travaille comme infographiste pour la publicité, le cinéma et la télévision, jusqu'à ce que l'appel de l'atelier la ramène à la sensualité de la matière, Elle s'installe en Côte d'Or, dans un ancien relais de poste. Ses rêves de vitraux ressurgissent avec leur puissance translucide, alchimique et vibratoire. Elle entreprend de se former au travail du verre et devient meilleur ouvrier de France dans la catégorie création de vitraux.
Dès lors, elle alterne des périodes de commandes architecturales et de créations plus intimes. Elle explore différents supports, différentes techniques et technologies, en invente, en mélange pour produire une œuvre visuelle empreinte d'humanité et de sacré.
Ses thèmes de prédilection sont le passage, la rencontre, la traversée. Elle les traduit par le jeu de superpositions de matières, de juxtapositions de strates élaborées au sein de structures multi plans. On y décèle le rapport subtil du matériel à l'immatériel, du visible à l'invisible.
Merci à Emmanuelle Grand pour son autorisation à cette publication
Merci à Sophie Machet pour la rédaction et réalisation du livret
Merci à Jean-Claude Fresse pour les photos.