5 - Henry de Maillot
L’oeuvre de Jean-Baptiste Peincedé (1741-1820) ancien garde des livres de la chambre des comptes de Bourgognes est gigantesque. En effet, ses 30 volumes manuscrits sont ce précieux inventaire qui rend tant de services aux chercheurs. Et aujourd’hui encore il est la référence pour ces recherches…
Celui-ci précise donc que le 27 novembre 1491, Henry de MAILLOT, écuyer, seigneur de Juilly-en-Auxois qu’il a acquis en 1488, devient seigneur de Chevigny-St-Sauveur et Corcelles en Malvaux-les-Dijon !
Cette famille, disent les historiens Beaune et d’Arbaumont est originaire de Normandie et se fixe en Bourgogne vers la fin du XV° siècle. Son blason est décrit ainsi : d’argent, au maillet de sable, au chef d’Azur chargé de 3 quartefeuilles d’or 2 et 1.
Blason de Maillot
De 1480 à 1493 Henri de Maillot est châtelain domanial de Bracon pour les Chalon. On dit qu’il est capitaine normand, plein d’intelligence et de courage. En 1492, lors de la guerre contre Louis XI, Baudricourt (1) qui commandait le château de Bracon et la place de Salins, transmit son commandement à Henri de Maillot.
(1) Jean de Baudricourt reçut en 1486 le bâton de Maréchal de France. Il était le fils de Robert de Baudricourt qui conduisit Jeanne d’Arc à Charles VII. Il fut pourvu du gouvernement de Bourgogne en 1480.
On sait donc, qu’Henri des Maillots était capitaine au château de Bracon près de Salins. Bracon est un petit village Franc-comtois bâti sur la rive gauche de la rivière Furieuse qui se divise en quartiers, hameaux et fermes isolées. Ce Château avait grande réputation voilà ce que l’on peut lire dans un livre local :
« Chaque fois qu’un souverain du Comté de Bourgogne venait à Salins, il s’installait au château de BRACON. Les Echevins fermaient les portes du Bourg et se rendaient en grande pompe au château et là le prince, en présence des conseillers et des ecclésiastiques composant la cour, jurait, la main étendue sur les évangiles, de maintenir les privilèges du bourg. Après cette cérémonie on lui offrait les clefs du bourg et il en parcourait les rues aux acclamations de la foule. On possède les formules de serments prêtés au château de BRACON par Eudes IV le 6 février 1336, Charles le Téméraire au mois d’octobre 1474 etc… »
D’autres documents relatent l’achat du château d’Uxelles le 15 février 1489 pour la somme de 1000 francs par Henri de Maillot seigneur dudit lieu et de Juilly, capitaine de Bracon et à Madeleine de Brinon sa femme. Noble Guillaume de Saint-Martin, écuyer, en pris possession en leur nom le 19 février suivant…
Une note de renvoi précise que ce Henri de Maillot, marié à Madeleine de Brinon, eut pour enfant Marie de Maillot ; à la mort de ses parents, son oncle Robert de Maillot fut son tuteur.
Mais voilà le récit de la fin tragique de notre Henri de Maillot :
En 1492, dans la guerre de Maximilien contre Louis XI, Baudricourt qui commandait le château de Bracon et la place de Salins, au nom de ce dernier, ne disposait que de forces peu considérables et se trouvait dans l’impossibilité de résister à l’armée ennemie. Il se retira à Poligny et mit à sa place Henri de MAILLOT, capitaine Normand, plein d’intelligence et de courage. Baudricourt s’occupa de rassembler à Poligny les détachements éparpillés dans les forteresses voisines et de former une armée de 7 à 8000 hommes. Il entrait dans ses plans de venir au secours de Bracon, menacé par le sieur d’Aresches, et de rentrer dans Salins avant l’arrivée des 500 lansquenets ferettois qui avançaient au nom de Maximilien sous les ordres de Frédéric de Klaper. Le combat de Dournon mit les troupes françaises dans une déroute complète (17 janvier 1492,)
On songea à prendre BRACON. Une foule de capitaines bourguignons vinrent se poster devant le couvent des Cordeliers à Salins et tentèrent plusieurs fois l’escalade de la forteresse. Le capitaine de MAILLOT faisait foudroyer nuit et jour le couvent. Il n’y restait plus ni porte, ni fenêtres, ni toitures. Le 8 février, de MAILLOT « se promenant à cheval devant la porte du château fut emporté d’un coup de arquebuse que luy tirait un mareschal, bourgeois de Salins, l’haiant atteint droit à la visière de la salade de laquelle ce chef estoit armé » La garnison, privée de son commandant, se rendit et remit les clefs de BRACON à Nicolas de Saint-Mauris, capitaine de la ville…Le sieur de Loyte, seigneur d’Aresches entra dans Bracon et l’occupa au nom de Maximilien, auquel toutes les places ne tardent pas à se soumettre…
Casque salade
Arquebuse à mèche et à rouet
L'arquebuse est le nom donné à la première arme à feu portative lourde et primitive, dès le XVème siècle. Ce nom fut utilisé au XVI et XVII eme siècle pour désigner les armes à feu courtes et légères ; il pouvait y avoir différent type de crosse, soit courte et droite, soit longue et recourbée à l'extrémité.
Longueur totale: 1,20 m environ. Portée de l'ordre de 300 pas.
Cadence de tir : environ un coup toutes les 5 minutes (mèche).
Type d'Arquebuse
Le coprs de cet officier fut inhumé dans l’église des Dominicains de Poligny car les ecclésiastiques de Salins, qui tenaient ce capitaine pour excommunié à cause de ses pillages refusèrent de le recevoir.
L’attitude « barbare » du Capitaine Henri de Maillot et les péripéties relatives à son inhumation sont racontées avec détails et cruauté dans un livre de M. Girard – Mémoire de la société d’émulation du Jura de 1878. Eventuellement, le lecteur pourra s’y reporter
Que ce passe-t-il alors pour notre seigneurie locale ? Les documents parlent de Madeleine de BRYNON, veuve d’Henri des Maillots et de sa fille unique Marie. La veuve restera donc cette Dame de Chevigny qui aurait fait construire en 1494 la chapelle nord de l’église et y aurait fait déposer ses restes, ceux de son époux et son cœur… Les documents et morceaux de pierre tombale retrouvés ont-ils favorisé la confusion avec le nom de Madeleine de Beaumont (que l’on ne retrouve nulle part) et celui de Madeleine de Brynon ? Cela est fort probable car la lecture des documents de la fabrique de Chevigny permettent de choisir BRINON (écrit comme cela) plutôt que BEAUMONT… . Un jour sans doute nous aurons la réponse si la confiance faite aux spécialistes est mise en doute par des vérifications pertinentes d’historiens reconnus…