La Chapelle gothique flamboyante
En 1494, Madeleine de Brinon (1), dame de Chevigny, fit construire la chapelle nord, sous le vocable de la Vierge, avec une voûte gothique flamboyante, les nervures tombant sur des culots ornés de feuillages et d’écussons. La fenêtre Est montre un bâti du XVII° siècle qui a été restauré en 2006, les badigeons des murs ont été repris en 2009, la voûte devrait être restaurée dans les années à venir.
Les arcs du plafond de la chapelle - Photo : Collection particulière
Les restes de Mme de Brinon ont été déposés dans un caveau, sous les dalles, et retrouvés en 1865. Voici le récit de la découverte de sa tombe tel qu’écrit dans les registres de l’église :
En démolissant le plancher de la chapelle de la Vierge fait en 1636, on a découvert une tombe sans inscription.
Cette tombe est signalée par Courtépée (écrivain bourguignon).
En 1865, le 11 septembre, en présence de Monsieur le Baron Théodore de Montillet, en ce temps possesseur de la terre de Chevigny, cette tombe a été soulevée et a laissé à découvert un caveau ou charnier où l’on descend par 6 marches.
En descendant dans le caveau on a remarqué :
- à droite, faisant face au levant un cadavre dont les ossements n’avaient pas été dérangés, à coté on a trouvé une boite en plomb de forme hexagone, longue d’environ 7 pouces, large de 4.
- à gauche, il se trouvait une dizaine de têtes avec les ossements.
Ouverture de la boite hexagonale
Croyant que cette boite renfermait quelques titres, ou quelque chose enfin qui put donner quelques renseignements, on l’a ouverte.
On y trouve un Coeur humain enveloppé dans une toile neuve et bien ficelée, le tout parfaitement conservé dans de l’esprit de vin, de sorte que le viscère était aussi frais que s’il venait d’y être placé !
Replacement du cœur dans la boite
On a enveloppé soigneusement et on peut dire pieusement le coeur dans la même toile et un autre linge, remplacé l’esprit de vin, replacé la boite ressoudée et renfermée dans une boite en chêne. Dans cette boite en chêne on a mis une petite bouteille de verre contenant le Procès-verbal de tout ce qui s’était passé et signé par Messieurs de Montillet, Malteste, juge de tribunal et Escoffet, curé de Chevigny.
La tombe, placée sur l’orifice du caveau était calée par des brins d’une bombe plus ancienne, l’inscription est en gothique. En réunissant les brins de cette pierre sépulcrale on a pu trouver le nom de Madeleine de Brinon, dame de Chevigny-Saint-Sauveur.
Il est probable que les soldats de Gallas (2) empressés d’enlever les objets qu’ils pensaient trouver, ont brisé cette tombe et que, lorsqu’on a voulu faire de cette chapelle une sacristie, on y a placé la tombe actuelle sans inscription et qu’elle a été calée avec les morceaux de la tombe de Madame de Brinon.
Costumes de Dames nobles XV° siècle - Photo collection particulière
Réouverture de la tombe de Madame de Brinon
En 1963, le samedi 2 février, vers 14 heures, lors des réparations effectuées dans l’église de Chevigny-Saint-Sauveur et en particulier dans l’ancienne chapelle de Madame de Brinon, fut mis à jour le caveau de Madame de Brinon décrit en 1865 contenant ses restes et son coeur (1494).
Etant conservé dans l’état décrit lors de sa première ouverture ; on retrouva au fond des ossements entassés, mais aucune trace du cadavre détaillé en 1865. Puis, le coffret contenant le coeur. Le coffre en bois était en pourriture ainsi que la boite en plomb hexagone. Le viscère était lui aussi devenu sec et ne présentait plus aucun intérêt. Le procès-verbal contenu dans la bouteille était illisible.
Le tout tel quel fut replacé et le caveau refermé.
Il est dommage qu’en 1865, les précautions effectuées pour la conservation du coeur n’aient pas eues l’efficacité de celles prises quatre siècles auparavant.
Il est vrai, comme déjà dit en 1636, à l’invasion des troupes de Gallas, la chapelle fut réduite à l’état de sacristie. Elle le demeura jusqu’en 1865, date à laquelle elle fut rendue au culte pour quelques décennies. Les de Montillet, propriétaires du château, y ajoutèrent, à droite en entrant leur blason, à gauche c'est celui de la famille Cammell.
Lors de l’installation du chauffage, en 1975, on mit, dans cette chapelle redevenue sacristie, le poêle à mazout. Des travaux de reprise de l’installation électrique ont été entrepris en 2002 et du chauffage en 2003-2004 permettant de la débarrasser de l’énorme chaudière qui l’encombrait. A terme cette chapelle devrait être restaurée.
(1) - . Les historiens ont lu et repris ce nom de Madame de Beaumont, mais les recherches rigoureuses faites par Bernard Ravier ne permettent pas de retrouver cette Dame. A l’époque vivait à Chevigny-Saint-Sauveur Madeleine de Brynon (ou Brinon) veuve d’Henry de Maillots. Il est possible qu’il s’agisse de Mme de Brynon et non Mme de Beaumont, mais les documents d'archives ne permettent pas de l’affirmer.
(2) - Mathias GALLAS, général autrichien (1584-1647), se distingua pendant la guerre de trente ans avec PICOLOMINI contre les protestants, sous le règne de Gustave Adolphe, roi de Suède.