Et ils brûlèrent le village…

Publié le par Bernard

 

Lorsque l’on visite la petite église de la Sainte Trinité de Chevigny-St-Sauveur, on découvre que l’église a été brûlée deux fois. Hélas oui ! D’après les historiens le village a subi ce désastre dont témoigne, aujourd’hui, cet édifice.

Essayons donc de retracer cette histoire.

 

L’invasion des Suisses en 1513.

C’est en septembre 1513, que l’armée suisse composée de troupes comtoises et allemandes soit environ 30 000 hommes envahi la Bourgogne. Après avoir pillé les environs de Dijon (Chevigny-St-Sauveur serait compris dans ces environs) ils mettent le siège devant Dijon et installent leurs batteries au-dessus de Champmaillot et des Perrières pour bombarder la ville…

Comme semble-t-il, des difficultés de ravitaillement se feront sentir dans l’armée impériale, et que le siège dure plus longtemps que prévu, ce sera Louis II de la Trémoille qui négocie avec les Suisses et obtient leurs départ en signant le traité de Dijon le 14-09-1513.

Louis II de la Trémoille

 

A Dijon, cet heureux dénouement fut perçu comme un miracle de Notre-Dame de Bon Espoir la Vierge vénérée en l’Eglise Notre-Dame. C’est en son honneur qu’une procession annuelle a été décidée et que fut commandée l’immense tapisserie commémorative conservée au musée des Beaux-arts de Dijon.

Tapisserie des beaux arts

Une autre tapisserie –Terribilis - conservée à l’église Notre-Dame de Dijon commémore la double libération de Dijon, celle de 1513 puis celle de 1944. C’est un moine Bénédictin, Dom Robert devenu peintre cartonnier qui l’a créée après sa rencontre avec Jean Lurçat.

Terribilis

A Chevigny-St-Sauveur, dans la monographie éditée par l’ASC en 1972, à propos de l’église,  l’abbé Marilier, historien reconnu, précise ceci :

« Au début du XVI° siècle l’édifice était en très mauvais état. Déjà le mur de la nef avait été reconstruit en partie. On augmente alors la capacité de la nef en l’élargissant du côté nord, en utilisant une porte et une piscine du XIII° siècle. Il paraît certain aussi que l’on rebâtit le clocher, à partir des toits de la nef et de l’abside, en employant toutefois les éléments décoratifs de l’ancien clocher. Pour subvenir à toutes les dépenses de reconstruction, on obtint du Pape Léon X, en 1515, une concession d’indulgences pour quiconque contribuerait à la réparation de l’église. »

      Décrochement sur le clocher    

                                                     Décrochement mur Sud         

   Pape Léon X

L’invasion de Gallas en 1636.

Episode local de la guerre de 30 ans, de 1636-1646 soit pendant 10 ans la Franche-Comté puis la Bourgogne sont envahis par une armée de mercenaires constituées surtout de Croates et principalement dirigée par le Général en chef Matthias Gallas.

Photos de Gallas

L’histoire locale est remplie de souvenirs douloureux, suite au passage de ces troupes dont le comportement est effroyable : villages pillés, incendiés, habitants brulés vifs, femmes égorgées, filles déshonorées, églises rasées… les villageois qui n’ont pu se cacher au fond des forêts ou dans des lieux reculés sont passés au fil de l’épée, sans considération de leur sexe ou leur âge. (Texte des historiens).

 

Dans les documents d’histoire, on précise aussi que durant le siège final de St-Jean-de-Losne, l’armée de Gallas séjournait à Tart-le-Haut et en plus des atrocités commises l’église fut brulée avec le village.

 

A Chevigny-St-Sauveur également le village et l’église furent victime de « Gallas ». Voici ce qu’a écrit l’abbé Ecoffet, le curé de la paroisse en 1865 :

 

« La chapelle de la Ste Vierge bâtie en 1494 est devenue la sacristie de l’église dudit Chevigny en 1636 lors du passage de Gallas en ce pays-ci qu’il réduisit en cendre et dont il fit périr les habitants qu’il réduisit au nombre de huit ; alors l’église du lieu était plus que suffisante pour contenir la population Le curé de Chevigny au lieu de rétablir la chapelle de la Ste Vierge en fit la sacristie de l’église, et elle a servit de sacristie depuis 1636 jusqu’à 1865, pendant 229 ans.

Après 1636, Chevigny-St-Sauveur longtemps a porté longtemps le nom de Chevigny-la-Baraque à cause des mauvaises constructions qui s’y sont établies depuis l’incendie général de 1636. Enfin, dans la suite, les constructions mieux conditionnées ont fait oublier à Chevigny la dénomination qu’il avait bien mérité. »

 

On sait que l’avancée de ce général et de ses troupes s’est arrêtée devant St-Jean-de-Losne avec sa petite garnison de 150 hommes et que l’arrivée des renforts venant d’Auxonne avec à leur tête, l’intrépide cavalier Rantzeau à jeté la panique et provoqué la retraite de ces mercenaires en novembre 1636 lesquels ne manquèrent pas de saccager tous les villages sur leur passage. Depuis, tous les 50 ans, cette petite ville célèbre l’anniversaire de cette grande victoire. Rendez-vous donc en 2036…

 

Rantzeau portrait et à Cheval

Durant les Cent-jours, Napoléon récompensa la ville de sa défense héroïque en lui attribuant la Légion d'honneur. Le 14 mars 1815, lors de son passage à Chalon-sur-Saône, il déclara aux représentants de Saint-Jean-de-Losne : "Dites à votre digne maire que je lui donne la croix ; car c'est pour vous, braves gens, que j'ai institué la Légion d'Honneur et non pour les émigrés pensionnés par nos ennemis".

      Monument commémorant 1636

    A Saint-Jean-de-Losne, canons devant le monument

Publié dans Les vestiges du passé

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C
MERCI Bernard pour le travail que tu accomplis avec passion .
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B
MERCI, c'est aussi un plaisir<br /> Amitié Bernard